Je vous parle d'un temps...

Trois M.E.Q...

 

Contrairement à ce qui est généralement supposé, le « Ministère de l’éducation » créé par le gouvernement de Jean Lesage en 1964 n’était pas le premier « Ministère de l’Éducation » de notre histoire. De fait, c’était le troisième.

 

Lors de l’adoption de l’acte confédératif en 1867, il est convenu que l’éducation qui, depuis 1841 relevait du gouvernement du Canada-Uni, sera dorénavant de la responsabilité des provinces. Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, premier premier ministre de la Province de Québec et aussi Ministre de l’éducation doit constamment se plier aux désirs des évêques qui revendiquent le contrôle du système d’éducation. Le Ministère est remplacé par le Département de l’instruction publique (D.I.P.) en 1875 (quand le D.I.P. fut finalement remplacé par le M.E.Q. dans les années 1960, tous les évêques du Québec y siégeaient d’office).

 

Et puis, en 1898, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre du Québec, veut créer un Ministère de l’Éducation, mais en raison des pressions de l’épiscopat, son projet de loi qui avait été adopté par la Chambre d’assemblée (l’Assemblée nationale d’aujourd’hui) est battu par 4 voix à la Chambre haute (de 1868 à 1968, le Conseil législatif ou sénat provincial; il comptait 24 membres) : le Ministère de l’Éducation n’aura vécu que 36 heures! Et uniquement sur papier en plus, même si un nom de ministre circulait déjà !

 

Des élèves en 1948

 

Enfin, lors de sa prise du pouvoir en 1960, le gouvernement de Jean Lesage met sur pied une commission royale d’enquête sur l’éducation – La Commission Parent, du nom de son président Mgr Alphonse-Marie Parent (1906-1970), universitaire de renom – qui va mener à des transformations majeures en éducation : mise sur pied du Ministère de l’Éducation, dont le premier titulaire fut Paul Gérin-Lajoie, élimination des écoles de rang dont les services (eau courante, électricité, etc.) étaient grandement déficients, regroupement des commissions scolaires (il y en avait 1500), création du réseau de l’université du Québec, etc. Un gros chantier !

 

Le dernier Surintendant de l’Instruction publique, Omer-Jules Desaulniers, qui occupa le poste jusqu’à sa disparition en 1964, disait, sans doute avec beaucoup de sincérité et comme plusieurs, que le Canada français avait « le meilleur système d’éducation au monde » … L’historien de l’éducation Jean-Pierre Charland soutient, pour sa part, que les francophones du Québec présentaient, après la deuxième guerre mondiale, la pire performance scolaire, non seulement du Canada, mais du monde occidental. Affirmer une telle chose, ce n’est pas rien.

 

C’est ainsi que cela se passait à l’époque des écoles de rang.