Je vous parle d'un temps...

1850-1860 : années charnières

 

Les lois scolaires adoptées par le gouvernement de la province de Québec entre 1840 et 1860 ont marqué le Québec pendant cent ans, soit jusqu’aux réformes des années 1960.

 

Sous le régime français, c’est le très catholique roi de France qui accorde des subsides aux communautés religieuses pour qu’elles s’occupent d’éducation. Sous le régime anglais, ces communautés religieuses sont, soit expulsées du pays, soit interdites de recrutement. Quand Durham publie son rapport suite aux soulèvements de 1837-1838, force est de reconnaître qu’il a raison à certains égards : après plus de 75 ans de présence anglaise, le système d’éducation français est en piètre état. En 1846, des lois plus contraignantes en matière de taxation scolaire provoqueront ce que les historiens ont appelé « La guerre des éteignoirs » au cours de laquelle charivaris et autres formes d’intimidation étaient légion ! On a même mis le feu à certaines écoles et à des immeubles appartenant à des commissaires d’école et on se présentait aux élections scolaires avec la promesse de ne pas construire d’écoles !

 

L'école normale Jacques Cartier (à Montréal) en 1857

 

Mais au tournant des années 1850 – et pour une dizaine d’années – les choses allaient s’améliorer :

 

  • L’émission de brevets d’enseignement par le Bureau des examinateurs catholiques de la Province de Québec sera en forte hausse en raison, entre autres, de l’ouverture de bureaux à Sherbrooke, Trois-Rivières, Kamouraska, Hull, Gaspé et Stanstead, alors qu’auparavant il n’y en avait qu’à Québec et Montréal.

  • En 1852, le gouvernement met sur pied le système d’inspectorat des écoles : les inspecteurs ont de vastes pouvoirs de dénonciation et de recommandation.

  • L’année 1853 est celle de la fondation de la communauté des Sœurs Notre-Dame-de-l’Assomption à Saint-Grégoire-de-Nicolet, une communauté qui, à l’instar de plusieurs autres, se consacrera à l’enseignement.

  • En 1856, on ouvre des écoles normales à Montréal et à Québec; la formation des maîtres devient une préoccupation majeure des décideurs scolaires.

  • Cette même année voit le lancement d’une revue pédagogique nationale, Le Journal de l’Instruction publique : on y trouve de la pédagogie certes, mais aussi des propos sur les manuels scolaires, les programmes, les rapports annuels des instances décisionnelles, etc. Avec le temps, la reliure annuelle de cette revue deviendra une obligation pour les commissions scolaires afin que ça puisse servir dans les années subséquentes.

  • En 1859, on procède à la création du Conseil de l’instruction publique afin de mieux gérer une structure qui devient fort importante.

 

Le journal de l'instruction publique, 1858

 

C’est ainsi que cela se passait autrefois, à la ville et à la campagne.

 

(Source : Gérard Filteau, Le système scolaire de la Province de Québec, 1954)