Je vous parle d'un temps...

Les «p'tits Chinois»

 

L'oeuvre pontificale de la Sainte-Enfance

Même si fort répandue au Canada-français d’autrefois, « L’Œuvre pontificale de la Sainte-Enfance » n’avait pas son origine ici, mais plutôt en France.

 

Qui ne se souvient pas de la visite du missionnaire – un personnage vêtu d’une longue soutane blanche ou brune et en sandales et portant la barbe, toutes choses peu communes ici à l’époque – qui, annuellement, faisait la tournée des écoles pour raconter sa vie en pays de mission, mais aussi parfois pour émotionner de jeunes esprits par des histoires d’horreur ; son abnégation et ses sacrifices avaient de quoi impressionner. Il nous décrivait des pays de brousse, des lieux que la « civilisation » tardait à conquérir et où, la plupart du temps, les parents, parce qu’ils étaient païens (comprendre « non catholiques romains ») abandonnaient sans vergogne leurs enfants. On nous invitait, nous les enfants, à donner des sous, à « acheter » un petit Chinois qui, parfois s’avérait être d’origine philippine ou africaine. Avec 25 sous on pouvait faire baptiser un incroyant et le sauver, à jamais, d’une perdition assurée.

 

L'oeuvre pontificale de la Sainte-Enfance, Sherbrooke, 1940.

 

Parfois, l’œuvre fournissait aux écoles des tableaux pour bien marquer la progression de son prosélytisme; ou encore, pour quelques sous, on pouvait colorier un pétale sur une gigantesque fleur. Et l’on remettait à l’enfant le portrait du petit Chinois qui grâce à son abnégation, avait été épargné de la géhenne éternelle.

                                                                                               Mgr Charles-Auguste de Forbin-Janson

                                                                                                                      (1785-1844)

L’instigateur de l’œuvre était Mgr Charles-Auguste de Forbin-Janson (1785-1844), évêque de Nancy, dans le nord-est de la France (à l’ouest de Strasbourg), mais né à Paris. Homme d’église, mais aussi aristocrate, il voyagera beaucoup : Italie, Suisse, Allemagne, Terre sainte,  Amérique. Il prêche des retraites– sa spécialité – en 1840 à Montréal, puis retourne en France. Alors qu’il vient de fonder l’Oeuvre de la Sainte-Enfance (1844) et qu’il s’apprête à partir pour la Chine, il meurt d’une hémorragie pulmonaire.

 

Est-ce que les sous donnés au missionnaire se rendaient en pays de mission? Aucune étude, à notre connaissance, ne démontre quelque malversation ou détournement systématique que ce soit. Mais certains avaient des doutes.

 

 

C’est ainsi que cela se passait à l’époque des écoles de rang.

 

Un exemple de Petit Chinois: 

 

Un petit chinois:

 

Une petite Chinoise: 

 

Des petits Chinois: