Je vous parle d'un temps...

La littérature jeunesse.

                                                                Moi, j'aime lire.

 

Il est fréquent de nos jours d’offrir un livre à un enfant. Même à un tout petit enfant. Pour son plaisir. Ce ne fut pas toujours ainsi.

 

Dans Mémoires d’un homme de parole, Georges Dor (1931-2001) écrivait : « Bien sûr, il m’a fallu apprendre à lire, mais à lire quoi ? Les livres étaient rarissimes, le mot bibliothèque même m’était inconnu. » C’est tout dire.

 

Pendant longtemps, les livres ont été rares, suspects, contrôlés, interdits parfois, condamnés souvent. On se méfiait des livres. Et il y en avait peu, même dans les écoles (les rapports d’inspecteurs d’écoles le mentionnent souvent). Les inspecteurs remettaient des livres de récompense à la fin de l’année, mais ces livres n’étaient pas toujours adaptés à celles et ceux à qui on les destinait. Il suffit de jeter un œil sur la liste des titres (et sur les contenus) pour facilement s’en convaincre.

                                                                                                     Un livre jeunesse de 1933; La sorcière de l'ilôt noir

                                                                                                         de Marie-Antoinette Grégoire-Coupal

Les spécialistes de l’histoire de l’édition du livre au Québec disent que, pour les jeunes, la « lecture pour le plaisir » date des années 1920, alors que la SSJB de Montréal lançait L’Oiseau bleu, une revue destinée aux jeunes lecteurs. On voulait contrer l’effet néfaste des titres américains – essentiellement les « comic books » – qui avaient commencé à envahir le marché. Mieux valait proposer les héros de notre histoire, et nos valeurs morales, plutôt que les superhéros « made in USA » ! C’est ce qu’a aussi fait Eugène Achard en lançant la revue La Ruche écolière en 1927 : trois ans plus tard le tirage mensuel était de 25 000 ! Et que dire du bimensuel François dont les concepteurs étaient Alec Leduc et Gérard Pelletier et qui, en 1951, tirait à 75 000 exemplaires ! 

 Un livre jeunesse de 1936; Sur les ailes de 

    l'oiseau-bleu de Marie-Claire Develuy.

L’utilisation d’un pseudonyme était très répandue : Dollard des Ormeaux, Lambert Closse, Alonié de Lestres et Madeleine de Verchères ont signé des romans pour les jeunes; Maxine aussi, ainsi que Cousine Fauvette et Marraine Odile. Phil Athély et Hibou Taciturne * également!

 

*Respectivement Gérard Clément, FIC, Jean-Baptiste Beaupré, prêtre, Lionel Groulx, prêtre et Laurent Tremblay, OMI; Marie-Caroline-Alexandra Bouchette, Yolande Lavigne et Laeticia Desaulniers; Napoléon Lafortune (le père) et Ambroise Lafortune, prêtre (le fils).

La littérature jeunesse d’hier, c’est un monde à découvrir !

 

Quartier Nord, paru en 1945, écrit par Alec et Gérard Pelletier.

 

Pompon et Griffon par Lucille Desparois, paru en 1948.

 

Les aventures de Ti-Jean, livre jeunesse écrit

par Yves Thériault et paru en 1963.