Je vous parle d'un temps...

Les catéchismes

Le Catéchisme catholique, 1952

 

À l’époque des écoles de rang, le livre le plus important qu’un enfant a tenu dans ses mains, c’est le « petit catéchisme ». Avec la Concile Vatican II (1962-1965), l’approche pour l’enseignement de la doctrine catholique a changé du tout au tout : l’église est passée du « catéchisme » à la « catéchèse ». Ce changement fondamental signifiait la fin du « petit catéchisme » d’autrefois.

 

       Catéchisme anti-tuberculeux, 1942

Mais au fil des ans, plusieurs autres catéchismes ont aussi circulé, particulièrement au Québec (voir Raymond Brodeur, Les catéchismes au Québec, 1702-1963, Presses de l’Université Laval, 1990). Alphonse Desjardins avait commandé le sien; Duplessis, aussi. Et même les pères de la Trappe d’Oka avaient produit un catéchisme agricole ! En quatre volumes en plus ! Mentionnons aussi Le catéchisme antituberculeux à l’usage des écoliers, le Catéchisme syndical, le Catéchisme politique et le Petit catéchisme électoral à l’usage du peuple. D’autres écrits n’en portent pas le nom, mais en ont la forme. Ces catéchismes dits « profanes » se comptent par dizaines, ont parfois été écrits par des clercs et portent l’ « imprimatur » d’usage. Un dénommé William Pinnock (1782-1843), maître d’école, éditeur et libraire à Londres en Angleterre, en avait publié 83 vers les années 1825 : aucun n’était à caractère religieux et certains furent réédités à Montréal dans les années 1830.

 

                                                                                           Petit catéchisme d'Éducation syndicale,                                                                                                                            en 1938

Qu’est-ce donc qu’un catéchisme?

 

Au dire de plusieurs spécialistes (chercheurs, essayistes, etc.), le catéchisme est un genre littéraire, à la manière du roman, de la biographie, de l’essai ou du récit. Sa particularité c’est de présenter son contenu sous forme de questions et de réponses, ou plutôt de demandes et de réponses (une question ce n’est pas une demande…). Nos parents et grands-parents ont surtout connu les catéchismes religieux. C’étaient, comme disent les Anglais, des steady sellers par opposition aux best sellers : on en vendait beau temps, mauvais temps… Le catéchisme – religieux ou profane – fixait un contenu (dogme), simplifiait les notions à assimiler, rassurait maîtres et maîtresses (à qui l’on ne demandait pas d’interpréter le contenu). Et pour tous, le catéchisme constituait un formidable exercice de mémoire! Il faut ajouter aussi que certains ont vu dans ce « par cœur » un peu de condescendance : «si tu ne sais pas lire, tu es probablement ignare : il te reste à apprendre par cœur… »

 

    Le petit catéchisme électoral,

         Père Lamarche, 1916

 

 

Et puis, certains et certaines ont « marché au catéchisme » afin de se bien préparer à la communion solennelle. Plutôt que d’aller en classe, on se rendait auprès du curé pour un certain nombre de jours – certains logeaient au presbytère – afin de bien assimiler les données de la foi catholique : c’était en quelque sorte un « rite de passage » à l’âge adulte.

 

 

C’est ainsi que les choses se passaient à l’époque des écoles de rang.

 

Catéchisme des lois scolaires, 1897

 

Catéchisme de l'éducation par Gérard Blais, ptre, 1952